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Victor Gonzalez (1877 - 1956)
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Incontestablement Victor Gonzalez est l’un des plus important facteur d’orgues français du XXème siècle. En répondant aux organistes décidés à élargir leur répertoire, en offrant aux compositeurs des couleurs sonores en adéquation avec leurs aspirations, il est la cheville ouvrière technique de ce grand mouvement de rénovation et de diffusion qui donna à l’Ecole d’Orgue Française le rôle prépondérant que l’on sait.
( coll. Annick Danion-Gonzalez )
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Sa formation comme apprenti chez Cavaillé-Coll en 1896, son passage chez Gutschenritter, chez Gustave Masure, et sans doute aussi chez Merklin, puis son association avec le mécanicien Victor Ephrem montrent la tradition esthétique dans lequel il s’inscrit. Il refusa la succession de l’entreprise Cavaillé-Coll qui lui fut proposée en 1928.
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La rencontre avec André Marchal, Béranger de Miramon Fitz-James et Norbert Dufourcq, va être décisive et c’est en étroite collaboration que sont pensés les instruments. La qualité de ses travaux attire l’attention.
Victor Gonzalez harmonisant l'orgue de salon d'André Marchal
(avant sa reconstruction), dans son appartement de la rue Duroc à Paris, 1953
( coll. Annick Danion-Gonzalez )
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Son entreprise qui compte jusqu’à une cinquantaine de personnes, réalise bon nombre d’instruments à travers l’hexagone tout en accueillant ou en formant Rudolf von Beckerath, Pierre Chéron, Philippe Hartmann, Roger et Henry Lambert, Georges Lhôte, Georges Danion…
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Louis Vierne dans ses souvenirs n’a-t-il pas écrit « Je tiens Gonzalez comme le meilleur harmoniste de son temps » !
Plus de 300 instruments, neufs ou restaurés, sont sortis des ateliers de Victor Gonzalez…
La console du grand orgue de la cathédrale de Reims
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Pour comprendre l’orgue néo-classique en France il faut prendre en compte les trois grandes esthétiques qui ont abouti à la naissance d’écoles musicales depuis Couperin, en passant par Bach, pour aller jusqu’à Franck et Messiaen.
L’orgue voulu et imposé par Cavaillé-Coll n’est qu’une décomposition d’un Grand-Chœur alors que l’orgue classique français ou allemand ne sont que des mélanges et des combinaisons de jeux délicats.
L'orgue Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice
Victor Gonzalez va trouver la solution qui consiste à ajouter à un ensemble symphonique existant, un ensemble qui sonnera dans ses combinaisons à l’ancienne… Evidente conséquence, les instruments vont se trouver grossis par rapport aux normes précédentes, mais quelle fut la démarche d’un Charles Tournemire sur le chef d’œuvre de Cavaillé-Coll à Sainte-Clotilde ? Quelle était la démarche Outre-atlantique en l’absence d’instruments historiques ?
André Marchal à la console de Sainte-Clotilde
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Victor Gonzalez (Sources : En guise d’exorde, Cahiers et Mémoires de l’Orgue 1987 – II n° 38)
La découverte d'un grand artisan, doublé d'un artiste, et bientôt d'un ami, a marqué une étape dans la vie d'André Marchal. Sûr de ses expériences successives, Victor Gonzalez a fait réfléchir tous ceux qui l'approchaient. Fidèle à la tribune de Saint-Germain, le facteur a fini par prendre la succession des Gutschenritter, pour tenter toujours plus d'améliorer le vieux Stolz. Passionné par ses recherches sonores, ses réalisations, André Marchal lui fait confiance, se laisse entraîner, d'autant plus que les innovations proposées par l'organier coïncident avec l'idée que l'organiste peut se faire de la registration, dans l'interprétation de la musique ancienne. Gonzalez, qui a travaillé avec Musillon, un des derniers grands harmonistes de Cavaillé-Coll, au retour de la Première Guerre mondiale, ouvre ici ou là quelques menus chantiers, avant de créer son propre atelier. La confiance se fait vite réciproque entre l'organiste et l'organier appelé, un jour rue Duroc pour transformer le petit instrument de notre maître. Les expériences portent sur les basses pressions, sur la composition des pleins-jeux, sur l'acuité des cymbales, surtout sur la qualité des anches (courbure des languettes) que Gonzalez veut sonores et timbrées, à l'imitation de celles d'Espagne. André Marchal suit, approuve et pousse le facteur. II faut éclaircir les instruments trop lourds, les doter de mixtures, équilibrer les cinq rangs d'un cornet, assurer de l'air aux basses. Ces nouvelles méthodes trouveront à s'appliquer aux instruments qu'André Marchal - membre, dès le début, de la Commission des Orgues - fait attribuer à Gonzalez. Du travail réalisé en commun, va naître une compréhension, une amitié à toute épreuve, l'artisan cherchant toujours à satisfaire le virtuose dont l'oreille est fort exigeante, l'organiste n'hésitant pas à demander toujours plus au facteur, qui, de ce fait, pousse plus avant sa science. Alors que d'autres, entre les deux guerres, en restent à l'orgue symphonique "alla Jaquot-Lavergne", voici que Victor Gonzalez, en son modeste atelier de Châtillon-sous-Bagneux, aidé de son fils Fernand - un "ingénieur-chercheur" - parvient peu à peu à modifier l'esthétique de l'orgue en France, prenant à droite et à gauche, ce qu'il juge bon, et parvenant à une synthèse d'où sortiront les oeuvres de Duruflé, Messiaen, Alain, Fleury, Litaize, Langlais, Grunenwald... Ce n'est pas peu dire. .•
Norbert Dufourcq
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La facture française : V. Gonzalez et A. Marchal (Sources : En guise d’exorde, Cahiers et Mémoires de l’Orgue 1987 – II n° 38)
Que ce soit avec ou sans le concours de celui qui rédige ces lignes, la compréhension mutuelle qui s'établit entre Victor Gonzalez et André Marchal n'a pu que s'affermir au cours d'une longue histoire, évoquant les instruments construits par le premier, sous l'autorité, la responsabilité du second. Ici et là, les recherches du premier se font plus précises, ses trouvailles plus nombreuses, son harmonisation plus sélective, alors que s'affirment bientôt les goûts du second, ses désirs, ses besoins, ses exigences. II faut les avoir vus à l'oeuvre devant une console - un orgue en cours de restauration, d'harmonisation - pour mesurer ce que la facture d'orgues française - n'en déplaise à d'aucuns - doit à ce couple toujours avide de trouver le mieux. Les cas se sont multipliés entre les deux guerres, puis entre 1945 et la mort de Gonzalez (1956) : ce qui constitue une trentaine d'années de discussions communes, de travail côte à côte, de mise au point, après établissement d'un programme et réception des travaux. Faut-il rappeler que pour Victor Gonzalez, les chantiers se sont succédés de La Flèche à Auch, de Bayonne à Reims, de Saint-Merry à Saint-Rémy de Dieppe, de Saint-Seurin de Bordeaux à Vitré ? Une très particulière mention doit être, en ce domaine, réservée à certains instruments privilégiés, grands ou petits, allant du huit jeux de la villa Guereza, du petit orgue d'Hendaye-Plage, à l'orgue plusieurs fois remanié de la rue Duroc; de l'instrument de l'Institution des Jeunes Aveugles, à l'orgue du Palais de Chaillot, sans oublier le monumental appareil de la Radio, ou le non moins grandiose outil de Saint-Eustache que le maître organiste fit reprendre, restaurer suivant ses goûts. En corollaire, il faudrait redire les joies pures éprouvées par l'artiste abordant pour la première fois un instrument terminé, mis au point, et amélioré, quant à l'émission de certains jeux, l'ouverture aux pieds de certaines rangées de tuyaux, voire les reprises de certaines mixtures. Ici, la finesse de l'ouïe permettait à l'interprète de savourer mille détails, d'opérer, sans plus attendre, les mélanges de jeux qui lui étaient chers, d'épouser le toucher de certain positif, de faire éclater en fanfare des batteries d'anches inimitables... Ce m'est une occasion de rappeler ce que fut le premier concert d'André Marchal sur les orgues de Limoges, de Soissons, et de souligner, qu'en dépit de l'âge, le vieil homme sut encore exprimer son entière satisfaction devant la réussite de l'instrument de Beauvais, construit non plus par Victor Gonzalez, mais suivant ses normes, par son petit-fils Georges Danion.
Norbert Dufourcq
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